SOPRANIC FANTAISIE
Anne Magouët : soprano, cloches.
David Chevallier : guitares, théorbe, laptop
Afra Waldhor : comédienne
Mise en scène : Nicolas Bonneau
Textes : Pierre Senges
Scénographie : Gaëlle Bouilly
Costumes : Cécile Pelletier
Lumières : Rodrigue Bernard ou Simon Rutten
Son : Gildas Gaboriau ou Ronan Fouquet
Photos Philippe Anessault
Photos Philippe Anessault
Coproduction Lune de trois / la Soufflerie - EPCC de Rezé / le Grand T - théâtre de Loire Atlantique.
Sur la scène, un îlot lumineux crée l'espace où se retrouvent une professeure de chant, son élève et le musicien qui accompagne les cours. Ces retrouvailles régulières sont l'occasion pour cette cantatrice en fin de carrière, d'abreuver son élève d'anecdotes sur le milieu de l'opéra, lesquelles se confondent avec des situations fantasques issues de l'imagination de la Diva.
Ces histoires se mêlent au travail de la technique vocale, mais aussi à l'ambition d'un dernier grand rôle, celui d'Aïda, convoité par la professeure. Un désir qui ne cesse d'occuper son esprit et s'invite à chaque leçon. Une aspiration si intensément vécue, qu'elle finit bientôt par gagner la jeune disciple.
Tout au long des entrevues, le spectre d'Aïda devient de plus en plus prégnant, or une cantatrice ne peut se confondre avec son personnage au risque d'y perdre sa voix. Il existe un danger réel à se prendre pour une héroïne opératique, ces femmes aux vies compliquées, presque toujours sacrifiées. Laquelle des deux, de la professeure ou de l'élève, parviendra à s'ancrer suffisamment dans le réel de la partition, dans son corps sonore et chantant ?
Avec Sopranic Fantaisie, nous voulions quelque peu chahuter la représentation des chanteuses lyriques, toucher à ces figures hiératiques, en les ramenant à leur condition terrestre, à la gravité d'un corps, aux contingences matérielles d'un concert. Ne serait-ce pas là les soulager, un temps, de la trop grande exigence qui pèse sur elles, de la demande incessante de perfection, de l'injonction à ne jamais faillir.
Loin de la caricature, nous voulions montrer l'humain qui se cache derrière ces grands chanteurs de l'extrême.
Cet hommage à la cantatrice, à l'opéra, nous ne pouvions l'imaginer autrement que sous la forme d'une œuvre de théâtre musical, d'un théâtre qui parle de la musique en faisant de la musique. Nous souhaitions adopter un ton burlesque et tragique, capable d'arracher la voix lyrique de la sphère du sublime où elle se doit de demeurer, pour la ramener au corps, à la chair, à l'organique. Le plus grand défi concernait l'écriture, capable de mêler de manière fluide, situations vécues, documents scientifiques et imaginaire surréaliste, afin de mener à bien, entre humour et émotion, un récit à la frontière du théâtre et de la fantaisie littéraire.